24/08/2015

Avis de tempête sur les marchés

L’éclair est venu de Chine et la tempête a illico frappé l’ensemble des places boursières mondiales. Décryptage et conseils.

 

Lundi 24 août. Rentrée des classes pour les milieux économiques après trois semaines très calme. Avis de vent fort sur l’ouest de la France et d’orage sur le Sud, selon Météo France. Et nouveau gros coup de tabac sur les marchés !

 

Les yeux des investisseurs ont – un temps – quitté la Grèce pour se focaliser sur la Chine. Ce matin, la Bourse de Shangai a perdu près de 8,5 %, sa plus forte baisse depuis huit ans. Un fort recul qui fait suite à une décrue de plus de 10 % la semaine passée. A l’ouverture, le CAC 40, l’indice phare de la Bourse de Paris, est passé sous la barre psychologique des 4500 points. Après un léger rebond, le marché a filé directement vers les 4 400 points, puis vers les 4 300. A 14h10, le site de Boursorama titrait déjà « Lundi noir » pour les grandes places mondiales, qui subissent un krach boursier ». Principale cause signalée : le ralentissement de la croissance chinoise…

 

Dans cet environnement, proche d’un début d’hystérie, Marchés Gagnants remet les choses en perspective.

 

La croissance chinoise, cause de tous les maux de la planète bourse ?

Il est de bon ton de parler exclusivement de macro-économie pour expliquer l’évolution des marchés. Mais pour être réellement valable, un argument utilisé un jour doit pouvoir être à nouveau utilisable le lendemain. Certes, Shangai baisse fortement depuis quelque temps car l’économie chinoise ralentit, ce qui a notamment poussé les autorités monétaires à encourager la baisse de la monnaie pour doper les exportations.

Mais il suffit de regarder le graphique du marché domestique chinois pour constater une flambée au début de l’année. L’économie de l’empire du milieu est-elle ultra dynamique en janvier avant de décliner par surprise à l’approche de l’automne. Bien sûr que non…

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A voir ou revoir :

Les marchés sont-ils portés par la bonne santé économique ?

Avec Bernard Aybran , directeur de la multigestion chez Invesco AM

 

Qu’attendre véritablement de la bourse ?

L’économie n’explique en rien les fluctuations de court terme, mais elle contribue malgré tout aux performances à moyen/long terme. Après la crise de 2008, le monde peut-il retrouver des rythmes de croissance économique effrénée. Sur le sujet, inutile de se voiler la face : la réponse est évidemment négative. D’une part, en raison de la volonté marquée de limiter le poids du crédit. D’autre part, les ex pays émergents ne peuvent être l’unique locomotive de l’économie mondiale. La Réserve Fédérale de San Francisco s’est amusée à comparer avec un décalage la croissance du Japon, depuis les années 60, de la Corée du Sud depuis 1970 et de la Chine depuis 1980. Si la Chine suit le parcours des anciennes gloires de la zone, le ralentissement de son économie serait majeur dès 2020, explique Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management.

Faut-il s’en surprendre ? Le cycle de vie d’une économie, comme celui d’un produit, ne débute-il pas par son développement, sa maturité puis son déclin ?

 

Qui dit croissance économique plus faible, dit performances boursières moins séduisantes ! Quand le sans risque s’affiche proche de zéro et que les fonds en euros de l’assurance vie seront bientôt sous les 2 %, faut-il attendre des résultats à deux chiffres pour les marchés actions ? 5 % en moyenne semble être aujourd’hui l’objectif à viser dans un environnement sans inflation.

 

Des inquiétudes sur les politiques monétaires

A plus court terme, la Bourse est tirée non par la croissance des résultats, mais par des flux de capitaux. Japonais et Européens mènent une politique monétaire ultra-accommodante alors que la Réserve Fédérale américaine est censée serrer prochainement la vis. Mais sur le sujet, des craintes subsistent sur ses décisions à venir. Bonne nouvelle, toute crise ou ralentissement chinois aura pour effet de retarder l’échéance et/ou l’ampleur de la remontée des taux directeurs Outre-Atlantique. De quoi laisser les marchés sous l’effet de la liquidité, leur dose d’EPO pour vivre dans un monde artificiel.

Les conseils de Marchés Gagnants

  • Les poids des flux dans la performance de la Bourse, par rapport aux fondamentaux, rend les marchés de plus en plus instables. Effet du réchauffement climatique de la planète financière, les tempêtes deviendront de plus en plus nombreuses… Avis aux investisseurs !
  • Le stress ou l’euphorie ne sont jamais de bons conseillers. A moins d’être très averti ou de consacrer une partie de ses investissements au jeu, il ne faut jamais intervenir sur les marchés lors ces phases d’hystérie haussière ou baissière. Même si la tentation est grande de voir faire un bon coup ou d’éviter un gadin…
  • Alors que cette journée agitée approche de sa fin, le CAC 40 reste encore au dessus de son niveau de début de l’année. Bref, perdent surtout de l’argent les particuliers qui ont mis leur nez sur les marchés après la forte hausse du début de l’année, quand les médias grand public ont recommencé à parler de la Bourse. ET qu’ils ont voulu jouer le timing…

A voir ou revoir :

Face à la la baisse, quel comportement adopter ? Avec Olivier Gentier.

 

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